René-Léon Caron n'était pas une vedette du monde culturel plutôt un phare discret, parfois tonitruant mais il mérite qu'on le louange avant de l'oublier totalement.

Né à Verdun, en 1927, d'un père ouvrier et d'une mère à la maison, à force d'économies, son père a pu envoyer son fils faire des études d'architecture; bouc émissaire, il fut renvoyé. Il ira travailler comme décorateur à l'Office national du film, puis comme vendeur de chemises et autres métiers.

Son talent d'artiste et d'imaginaire l'amène dans la publicité, où il fait sa marque en dessinant et en créant des slogans pour Nesbitt, Snow White, O'Keefe, Labatt 50 au point de devenir vice-président du Publicité Club de Montréal.

Il crée Photo Quick, une entreprise de développement de photos par la poste, fonde sa propre agence de publicité et court les foires pour y vendre des ouvrages Time-Life.

Il ouvre Caron Libraire rue Craig; il y avait des trésors, comme un recueil manuscrit des poèmes de Louis-Riel et une première édition de l'encyclopédie Diderot. Intense, il achète et achète et achète encore des livres auprès de particuliers, d'éditeurs, de congrégations, dans des encans aussi.

Caron libraire déménage sur la Place-d'Armes, puis rue Sainte-Catherine Est.

Toujours féru d'architecture, d'esthétique et d'histoire, il est heureux dans ses belles librairies. La librairie de la rue Sainte-Catherine compte quatre étages de livres avec un rayon de revues et cigarettes de manière à étirer ses heures d'ouverture.

Elle est intensément fréquentée. Et toujours le livre québécois y occupe la place d'élite, à l'avant du rez-de-chaussée. Québec d'abord, toujours, chez René-Léon Caron.

Un soir, à la curatelle publique, il achète 5 000 parapluies oubliés dans les transports en commun, qu'il vend $1 à ses clients les jours de pluie. Il installe le premier comptoir postal, lance un café-restaurant Le Toucan et fait affaire avec l’URSS.

Il y aura eu une succursale à Verdun, puis une librairie rue Principale à Granby, puis le beau retour à Montréal, rue St-Denis face à l'UQAM. Puis, les Bouquinistes, puis une ultime librairie, à Granby encore.

Ensuite, pendant plus de 20 ans, il se contente de vendre ses trésors sur internet. Il devient libraire anonyme, mais la diffusion de la culture reste intense, car il a conservé un riche inventaire. Le déclin de la vue et de l'ouïe force la fermeture du site internet en 2024... 57 ans de librairie.

Pendant toutes ces années, René-Léon Caron aura considérablement contribué à l'enrichissement culturel du Québec.

Il est décédé le 22 juillet 2025. Une messe sera célébrée le samedi 6 décembre 2025 en l’église du Bon-Pasteur à 11h30, à Laval.